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John Michael Hawthorn est un pilote de Formule 1 britannique, né le 10 avril 1929 à Mexborough dans le Yorkshire (Angleterre) et décédé le 22 février 1959.
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Biographie
Itinéraire d’un enfant gâté
Fils de garagiste, il assiste très jeune avec son père, lui-même compétiteur, à diverses épreuves de course automobile..
Il débute en Trial en 1947. Et c’est toujours grâce à son père qu’il rentre dans ce milieu dont il rêve en participant dès 1950 aux essais de vitesse de Brighton. Il dispute plusieurs trials automobiles sur Riley et devient champion d’Angleterre en 1951..
En 1952, il participe à ses premières courses de monoplace avec une Cooper en Formule 2. Détail croustillant qui illustre les petits moyens financiers dont il dispose : c’est son père qui l’aide à pousser sa monoplace sur la grille..
Il remporte rapidement une première victoire sur sa Cooper et se fait remarquer en battant à cette occasion Juan Manuel Fangio.
Cet exploit a pour effet de le propulser en Grand Prix dès le GP de Belgique. Sur une Cooper-Bristol, il finit 4ème derrière l’invincible armada Ferrari. Il monte ensuite sur le podium au GP de Grande-Bretagne juste derrière les Ferrari (encore une fois) de Ascari et Taruffi. Il s’adjuge finalement la quatrième place au championnat de façon assez convaincante.
D’entrée, ses débuts fracassants impressionnent le Commendatore. Dès 1953, il offre à ce jeune Anglais de 23 ans qui semble ne douter de rien la chance de sa vie en lui confiant une Ferrari. Hawthorn rejoint donc les valeurs sûres Ascari, Farina et Villoresi. Très vite, il remporte une première victoire au GP de France à Reims..
Ce GP est d’ailleurs le théâtre d’une course d’anthologie. C’est d’abord Jose Froilan Gonzalez qui part en fanfare. A la mi-course, “le taureau de la Pampa” qui a pris le départ avec un réservoir à moitié plein, doit ravitailler. C’est dès ce moment Fangio et Hawthorn qui se livrent à une lutte acharnée. Il luttent plusieurs tours durant, roues dans roues. Ce jour-là, on a le droit à un véritable chassé-croisé qui voit le leader changer presque à chaque tour. Et ce n’est que dans la dernière ligne droite que Hawthorn après avoir lègèrement estoqué la Maserati du Maestro, peut profiter de la petite perte d’adhérence de celui-ci. Il fait alors parler la puissance de son moteur et règle l’argentin en un époustouflant sprint final qui fait se dresser la foule exultante d’enthousiasme..
L’Anglais venait de remporter ce qui fut lontemps pour certains la course du siècle. Derrière, Gonzalez réglait Ascari pour la troisième place. Les quatre hommes se tenaient en dix secondes. La ligne d’arrivée franchie, Hawthorn se précipitait vers Fangio pour s’excuser… Dans l’emballage final, il avait percuté l’arrière de la Maserati. Il ne voulait pas que Fangio puisse penser que la manoeuvre avait été intentionnelle…
Il offre ainsi à l’Angleterre sa première victoire en GP…. et achève par la même occasion la longue série de neuf victoires consécutives d’Ascari… même si c’était pour le moment encore dans une voiture italienne. Il s’adjuge au final cette saison une victoire et trois secondes places, se contentant malgré tout des miettes lachées par Ferrari et Fangio.
Une route chaotique vers le titre
En 1954, il fait encore mieux en terminant troisième du championnat avec une nouvelle victoire en Grand Prix, cette fois en Espagne, ainsi que trois secondes places… C’est méritoire si l’on considère la supériorité affichée cette saison par Fangio et Mercedes.
Mais Hawthorn se blesse gravement aux jambes à Syracuse. Il sort de la piste et sa Ferrari prend feu. C’est José Froilan Gonzalez qui se jette dans les flammes pour secourir son équipier… qui a fort heureusement été éjecté de sa monoplace lors de l’accident.
La convalescence est longue et Mike veut rentrer au pays. Mais son père l’en dissuade au téléphone. Il faut dire que l’Angleterre règle ses comptes avec l’insouciant Mike. Le début de sa carrière a été tellement météorique que Mike a oublié ses devoirs militaires. La presse s’est emparée de l’affaire et brocarde sans ménagement “ce jeune pilote ébloui par sa petite gloire qui imagine mieux servir sa nation en conduisant des voitures étrangères dans des pays étrangers qu’en devenant soldat de la reine”. L’histoire monta jusqu’à la chambre des Communes.
Cette conversation avec son père Leslie Hawthorn sera la dernière… Celui qui a transmis à son fils le virus de la vitesse et l’a accompagné dans ses premiers succès s’est tué dans un accident de la route. C’est le premier des bleus à l’âme que Mike reçoit. Il hésite un instant à mettre un terme à sa carrière. Mais il se résout finalement, la mort dans l’âme, à quitter Ferrari pour revenir au pays diriger le garage familial de Farnham.
En 1955, il rejoint donc Vanwall au grand désappointement de Enzo Ferrari. L’association avec l’équipe de Tony Vanderwell ne s’opère pas au mieux. Vanwall n’est pas au niveau qui sera le sien en 1957 et 1958. Après deux courses malheureuses, Hawthorn rejoint Ferrari.
Mais l’année sera surtout marquée par le drame du Mans. Et ce jour qui aurait pu rester dans sa mémoire du fait de la victoire le restera hélas pour des motifs beaucoup plus funestes. Ce jour-là, il n’y a guère que la Mercedes de Fangio pour résister à la domination insolente de la Jaguar de Hawthorn. Les deux hommes ne sont séparés que de quelques secondes. L’Anglais vient de prendre un tour à la Mercedes de Levegh puis à l’Austin de Macklin. C’est alors qu’il lève le bras, freine et se rabat dans les stands pour ravitailler. Pour des raisons qui ne seront jamais élucidées, les événements vont s’enchaîner sans pitié vers une issue dramatique. Macklin n’a sans doute pas vu le bras levé de Hawthorn… Il fait un écart pour éviter la Jaguar. Derrière, la Mercedes de Levegh décolle sur l’Austin, aterrit dans la foule où elle explose instantanément comme une bombe.
Le bilan est terrifiant… La plus grande tragédie du sport automobile ! 80 personnes ont trouvé la mort en cette sinistre journée. Et la machine médiatico-judiciaire de se mettre en branle pour trouver un coupable. Mercedes est soupçonné… Comment la voiture de Levegh a-t-elle pu exploser ainsi ? Que contenaient ses réservoirs ? L’écurie allemande mettra d’ailleurs un terme à sa participation aux courses automobiles en fin de saison. Non sans avoir essayé de se dédouaner en accusant Hawthorn de s’être rabattu trop vite devant Macklin. Bien que mis hors de cause par la commission d’enquête, l’anglais sera jugé indésirable pendant un an sur les circuits allemands. Hawthorn gardera une profonde blessure morale de ce qui aurait dû être une page de gloire pour lui.
En 1956, il fait de nouveau défection chez Ferrari et rejoint l’écurie britannique BRM… qui sera incapable de lui procurer un volant en GP… Il devra dès lors se contenter d’un intérim chez Maserati puis Vanwall avant enfin de se voir confier une BRM… inexistante. Il se classe cette saison 11ème du championnat.
1957, le voilà qui revient en force chez Ferrari. Il rejoint son ami Peter Collins et Luigi Musso. Il peut alors de nouveau se disputer aux avant-postes puisqu’il termine la saison à la quatrième place. Mais son titre de gloire, c’est en 1958 qu’il va finir par l’obtenir. De façon surprenante… et pas forcément indiscutable.
La couronne sans le champion ?
C’est à 29 ans que Mike Hawthorn devient le premier anglais champion du Monde de F1, un succès retentissant attendu par toute une nation depuis 1950… Avant les succès de BRM ou de Lotus, cette victoire s’annonçait déjà comme une charnière… la fin de l’âge latin de la F1.
En fait, ce champion du monde n’aura remporté que trois GP dans une carrière qui compte sept saisons. Bilan bien maigre en fait. Malgré tout, cette couronne a été conquise à l’issue d’une saison serrée face à son compatriote Stirling Moss.
Stirling en ce début de saison, après ses duels perdus contre le “Maestro” Fangio, fait assurément figure de favori. Et il va incontestablement se montrer plus brillant que Hawthorn, remportant quatre victoires. Pour beaucoup, Moss est le vainqueur moral de la saison 1958. Mais, sur le papier, c’est bel et bien Mike Hawthorn qui coiffe la couronne. A la maestria de Moss, il répond par une régularité irréprochable sur la saison.
Pis, après trois courses, il se permet jusqu’à l’affront d’envoyer une belle lettre à Enzo Ferrari lui disant en substance que ses monoplaces sont en dessous de tout et que faute “d’oeuvrer” rapidement, le titre est perdu pour la Scuderia. Etonnamment, le Commendatore répondra à ce crime de lèse-majesté par… une lettre très amicale lui promettant de veiller à lui obtenir ce qu’il demande.
Cette année sera celle des coups de théâtre. Hawthorn s’octroie sa seule victoire de la saison, la dernière de sa carrière, au GP de France à Reims. Ce Grand Prix est hélas endeuillé par le décès de son coéquipier Luigi Musso.
En Allemagne, le destin frappe à nouveau. Cette fois, c’est au tour de l’ami, du “presque frère” Peter Collins, éjecté sous ses roues, de disparaître tragiquement sur le circuit du Nürburgring.
Quelles peuvent bien être les pensées du pauvre Mike Hawthorn, déchiré, ébranlé lorsqu’il ramasse auprès de l’épave de la Ferrari un casque martyrisé, un gant de course et une chaussure ?
Ce sont là assurément des événements qui auront une influence énorme sur la décision de Mike après son titre de se retirer de la F1.
Pour en revenir au titre… Il se joue lors de la dernière épreuve de championnat, le GP du Maroc à Casablanca. La victoire est impérative pour Moss, ainsi que le record du tour… en espérant que Hawthorn ne soit pas second.
Sur sa Vanwall, impériale en fin de saison, Moss domine les débats. Hawthorn n’est que 3ème derrière l’américain de chez Ferrari Phil Hill… A ce moment, c’est Moss qui coiffe la couronne mondiale. Mais, comme à Monza six semaines plus tôt, l’Américain laisse passer son chef de file et offre ainsi ce titre à Hawthorn et Ferrari.
Moss le magnifique, impérial cette saison, trop chevaleresque sans doute au Portugal restera à jamais un champion sans couronne.
La fin d’une époque
Le 6 décembre 1958, à 29 ans, Mike Hawthorn refermait pour lui le livre de la F1. Au gala de remise des prix qui se tenait en cette fin d’année au British Racing Drivers Club il prononça d’un air triste ces quelques mots : “J’aurais aimé que Peter soit là ce soir. Depuis sa mort, je ne trouve plus la même saveur au sport automobile.”
Après avoir connu la perte de ses deux amis d’enfance en course, ébranlé par les décès successifs de ses équipiers Ascari, De Portago, Castelloti, Musso et Collins il décidait donc de tourner le dos au sport automobile. Jamais encore un champion du monde n’avait renoncé aussi jeune à la F1… surtout lorsqu’elle venait de le couronner. Hawthorn renonçait à défendre son titre. La boucle était bouclée.
Enfin presque… A 29 ans encore, un mois plus tard, le 22 janvier 1959, ce champion nous quittait, définitivement cette fois. Et c’est un banal accident de la route à quelques kilomètres de l’endroit où son père s’était tué quelques années plus tôt qui fauchait le champion en titre. Il pleuvait ce jour-là sur la route qui mène de Farnham à Londres. Après avoir doublé la Mercedes de son ami Rob Walker, sa voiture heurtait un camion et venait s’écraser sur un arbre.
Le Daily Herald misait de façon misérable sur “sa haine pathologique des voitures allemandes depuis l’accident du Mans”. A croire que la presse anglaise non plus n’en avait pas fini de régler des comptes avec Hawthorn…
Le premier champion du monde anglais du sport automobile n’avait même pas eu le temps d’entamer sa seconde vie. Une fin terrible un peu à l’image de la carrière météorique de ce pilote survolté.
Fiche Signalétique
- Britannique
- né le 10 avril 1929 à Mexborough (Angleterre)
- décédé le 22 janvier 1959 à Guildford (Angleterre) dans un accident de la route
- Premier GP : Belgique 1952
- Dernier GP : Maroc 1958
- Nombre de GP disputés : 45
- Meilleur résultat en course : victoire (3 fois)
- Meilleur résultat en qualifications : pole position (4 fois)
- Nombre de points marqués : 127,64
- Nombre de podiums : 18
- Nombre de meilleurs tours : 6
Carrière en Formule 1
- 1952 Cooper/Bristol
- 1953 Ferrari
- 1954 Ferrari
- 1955 Vanwall, Ferrari
- 1956 Maserati, BRM, Vanwall
- 1957 Ferrari
- 1958 Ferrari
Palmarès
- 1953 vainqueur des 24 heures de Spa
- 1955 vainqueur des 12 heures de Sebring et des 24 heures du Mans
- 1958 Champion du Monde de F1 des pilotes, champion du Monde de F1 des constructeurs avec Ferrari
Titres
Ses 5 participations aux 24 heures du Mans
Année | Numéro | Voiture | Catégorie | Copilotes | Essais qualificatifs | Résultat en course | |
1 | 1953 | 14 | Ferrari 340 MM | 3001 à 5000 cm3 | Giuseppe Farina | 52ème | Abandon |
2 | 1955 | 6 | Jaguar Type D | 3001 à 5000 cm3 | Ivor Bueb | 55ème | Victoire |
3 | 1956 | 1 | Jaguar Type D | 3001 à 5000 cm3 | Ivor Bueb | 49ème | 6ème |
4 | 1957 | 7 | Ferrari 335 S | 3001 à 5000 cm3 | Luigi Musso | 51ème | Abandon |
5 | 1958 | 12 | Ferrari 250 TR 58 | 2001 à 3000 cm3 | Peter Collins | 44ème | Abandon |
Hawthorn Memorial Trophy
Depuis 1959, le Hawthorn Memorial Trophy est décerné au meilleur pilote de F1 appartenant au Commonwealth.
Année | Lauréat |
1959 | ![]() |
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1960 | ![]() |
1961 | ![]() |
1962 | ![]() |
1963 | ![]() |
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1999 | ![]() |
2000 | ![]() |
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2002 | ![]() |
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2004 | ![]() |
2005 | ![]() |
2006 | ![]() |
2007 | ![]() |
2008 | ![]() |
2009 | ![]() |
2010 | ![]() |
2011 | ![]() |
2012 | ![]() |
- NB :
- En gras : les champions du monde.
- * : En 1979, Jody Scheckter n’a pu obtenir la distinction, l’Afrique du Sud ayant été suspendu du Commonwealth durant l’Apartheid de 1961 à 1994. Son vice-champion, Gilles Villeneuve, non plus, pour une raison inconnue.
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